| Ébauche d'une science généralisée de l'homme
 
 
        
          | Tokyo, le 17 décembre 2009 
 Hideaki NAKATANI, ILCAA, TUFSChief investigator of the Joint Research Project:
 Research on new representations of world and humankind:
 - Pursuits of values and morals appropriate for the global civilizations –
 
 
 |  Depuis cinq ans, dans le cadre d’une collaboration avec la MSH , nous cherchons à établir comme nouveau domaine des sciences humaines et sociales une science généralisée de l’homme (=SGH). Voici ses caractéristiques, telles qu’elles se sont manifestées au cours de l’élaboration déjà entamée, même si nous sommes encore à la naissance du processus de création.   La SGH est, comme les autres sciences humaines et sociales, une science, en ce sens qu’elle est soumise tant à la logique qu’à la démonstration par les faits. Mais elle diverge des autres sciences humaines et sociales actuellement établies, ou couramment répandues, sur les points suivants :>
      L’ILCAA et la MSH ont conclut, le 1er juin 2005, une convention de coopération scientifique pour l'élaboration, dans une perspective interculturelle, d'une science générale et réunifiée de l'homme, tenant compte des apports des plus anciens aux plus contemporains (2005-2010). Nécéssité de la science généralisée de 
  l’homme.Les technologies 
  scientifiques du 20e siècle se sont grandement développées dans de  
  multiples secteurs, tels que médecine, agriculture, génie civil, 
  architecture, transport, communication, science de la vie, informatique, 
  etc.; elles ont ainsi remarquablement contribué à maîtriser les famines, 
  désastres naturels, maladies, et à assurer la sécurité ainsi que la vie 
  matérielle et culturelle assez riche des peuples. Néanmoins, en même 
  temps, ces technologies ont été aussi la source, soit directe soit 
  indirecte, de sérieux malheurs : deux guerres mondiales, conflits 
  nationaux et internationaux, massacres ou famines en pays totalitaires, 
  accroissement de la population classée dans la catégorie de la « pauvreté 
  absolue », destruction de l’environnement, sida, etc.
 Si ces problèmes sont restés sans solution ou 
  presque, ce serait dû, pour la plupart des cas, aux incapacités de la 
  politique et à l’inertie de la morale. Jusqu’ici, cependant, la société 
  humaine ne semble pas avoir fait suffisamment d’efforts pour en trouver la 
  solution, tout en s’endormant sur une prospérité relative et éphémère. 
  Cette incapacité qu’on pourrait désigner comme une « acratie », si elle 
  est laissée telle quelle, aménerait de graves conséquences à la génération 
  présente et future. (1)
 Il est important, dans ces conditions, de trouver une nouvelle échelle des 
  valeurs qui puisse diriger convenablement le monde actuel de 
  mondialisation et de bouleversement, échelle prenant conscience du fait 
  que l’humanité est une communauté des destins. La plupart des nouvelles 
  pensées qui ont formé les valeurs de diverses civilisations contemporaines 
  faisaient leurs apparitions vers le milieu du premier millénaire avant 
  Jésus-Christ. Les crises mondiales d’aujourd’hui montreraient que ces 
  valeurs des civilisations sont, en totalité, dans une impasse pour la 
  première fois depuis leurs apparitions. Maintenant donc, il faudrait 
  établir une nouvelle échelle mondiale des valeurs qui, tout en respectant 
  les valeurs traditionnelles de chaque civilisation, par suite, acceptables 
  pour sa peuple, servira de principes morales et politiques. Il en faudrait 
  un quart de siècle ou plus, puisque les valeurs actuelles se sont faites 
  sens communs du peuple, principes de la société ou axes de la politique 
  durant déjà plusieurs mille ans. Mais l’essentiel, ce serait de fair un 
  pas maintenant pour que ce ne soit pas trop tard.
 Il est à remarquer, en effet, que la vitesse des 
  transformations du monde actuel s’accélère en progression géométrique. Les 
  connaissances en physique quantique, sciences de la vie, neurosciences, 
  etc., ou les phénomènes sociaux, politiques ou économiques (augmentations 
  prodigieuses de la population, de la production, de la consommation 
  énergétique, de la capacité meurtrière des armes, des financements 
  spéculatifs internationaux, ou de la capacité de transport, de 
  communication ou d’informatisation), toutes ces nouveautés ont changé 
  totalement le monde ainsi que notre vision du monde.
 Cette nouvelle échelle des valeurs devrait, par 
  conséquent, s’établir, en prenant pleinement conscience des trois acquis 
  qui sont : (1) les nouvelles connaissances des sciences et des 
  technologies, (2) les états actuels des régions du monde, (3) les 
  traditions spirituelles des diverses civilisations.
 Jusqu’aujourd’hui, les philosophes ont eu pour tâche d’avoir du monde et 
  de l’humanité la connaissance la plus exacte possible, qui sert de base à 
  une science réfléchissant à l’orientation de la société humaine. 
  Cependant, compte tenu de l’accélération des changements d’ordre 
  économique, social, scientifique, écologique qui risquent de rompre 
  l’équilibre de notre monde physique et spirituel, il paraît souhaitable ou 
  plutôt nécessaire que cette tâche soit accomplie aujourd’hui en 
  collaboration avec des chercheurs de diverses disciplines.
 A 
  cette fin, nous proposons de créer un nouveau domaine des sciences 
  humaines, dénommé science généralisée de l’homme. Cette science, qui, 
  jadis aurait été appelée philosophie, et qui peut-être le serait aussi de 
  nos jours, en diffère cependant sur les points suivants:
 (1) Les 
  recherches seront effectuées en collaboration, par un groupe de 
  chercheurs.
 (2) Le noyau en sera constitué par les chercheurs de tous 
  les principaux domaines des sciences humaines, notamment des études 
  classiques (textes classiques gréco-latins, bibliques, islamiques, 
  indiens, chinois, japonais...) ;
 Plus concrètement, les recherches 
  seront conduites comme suit:
 (1) Les chercheurs en sciences humaines 
  (philologues, historiens, philosophes, sociologues, psychologues, 
  anthropologues, éthologues etc.) dialoguent entre eux pour approfondir 
  leur connaissance de l’humanité.
 (2) En même temps, ils collaborent 
  avec des économistes, sociologues, anthropologues,  politologues 
  d’une part et, d’autre part, avec des chercheurs en sciences naturelles, 
  afin d’avoir une connaissance générale du monde actuel.
 (3) Ainsi, ils 
  étudient la possibilité de renouveler en profondeur la connaissance de 
  l’humanité et du monde, lesquels sont en voie de désintégration et de 
  réorganisation perpétuelles, et dont tous les éléments sont 
  interdépendants (::complexité). L’étude ne visera donc pas à construire 
  des systèmes fixes, mais à «dialoguer avec l’incertitude». «Il n’est pas 
  de recette, il n’y a qu’une stratégie toujours recommencée.» (Edgar 
  Morin)
 (4) Néanmoins, ils parviendront (quoique de manière relative, 
  car il faut constamment recommencer) à un consensus qui, en éliminant tous 
  les préjugés éventuels, fournira les bases d’une nouvelle science qui est 
  la science généralisée de l’homme. Tout en se gardant de l’universalisme 
  facile comme du relativisme paresseux (François Jullien), elle devrait 
  permettre une communication efficace des idées entre nous, même si nous 
  relevons de cultures très différentes, et, par la suite, permettre de 
  réfléchir en commun à l’orientation de l’humanité.
   Préparations et 
        avancement. (1) Sur le plan national :
 Pour 
        réaliser la création de ce nouveau domaine des sciences humaines, nous 
        avons formé à l’ILCAA (Research Institute for Languages and Cultures of 
        Asia and Afrique, Tokyo University of Foreign Studies), depuis le mois 
        d’août 2004, une équipe de cinquante-six chercheurs, appartenant à tous 
        les principaux domaines des sciences humaines, sociales et naturelles, 
        neuf d’entre eux constituant un comité exécutif.
 Participent à ce 
        projet les chercheurs dont les spécialités, outre les études classiques, 
        sont les suivantes : philosophie, éthique, psychologie, littératures 
        européennes contemporaines, politologie, droit civil, législation romaine 
        et chinoise, économie, sociologie, anthropologie sociale, psychiatrie, 
        physiologie, neurobiologie, éthologie, écologie, astrophysique, 
        mathématiques, statistique, informatique, histoire des sciences, etc.
   (2) Sur le plan international :Invité à Paris par 
        la Maison des Sciences de l’Homme au printemps 2004, Hideaki Nakatani en a 
        discuté avec les chercheurs dont notamment sont : Maurice Aymard 
        (Administrateur, MSH), Colette Caillat (études indiennes, Académie des 
        inscriptions et belles lettres), Gérard Fussman (histoire de l’Inde, 
        Collège de France), Jean-Claude Thivolle(MSH), Jean-Claude Galey 
        (sociologie, EHESS), Jane Cobbi (anthropologie, MSH), Jean-François 
        Sabouret (MSH, directeur du Réseau Asie). Michel Beaud (économie, Paris 
        7), Dominique Lestel (éthologie, ENS), Brian Stock (études augustiennes, 
        Toronto), Jean-François Rischard (vice-président, Banque mondiale).
 Nakatani souhaite que les chercheurs français constituent en France 
        une équipe qui effectuera les recherches conjointes avec celle du Japon.
 À cet effet, une convention de coopération scientifique entre l’ILCAA 
        et la MSH concernant la science généralisée de l’homme sera conclue au 
        mois de juin 2005. (2)
 En outre, ladite équipe de 
        recherches à l’ILCAA a organisé au mois de mars 2005 à Tokyo un colloque 
        international dont le thème et les conférences que voici : (3)
 1) Thème : Le monde paisible et des vies 
        enrichissantes de l’humanité : la recherche d’une science généralisée de 
        l’homme.
 2) Conférences  :
 - Homo Sapiens defined by 
        Brain Science (Tsutomu Nakada).
 - Humankind as an Animal: Ethological 
        Point of View (Toshitaka Hidaka).
 - Out of Africa: The Journey of the 
        Oldest Tales of Humankind (Michael Witzel).
 - ‘Rites-Music’ Culture of 
        China and East Asia (Yoshiro Togawa).
 
 
 
 
        1.  Sur une observation générale, voir, pour n’en citer qu’un ouvrage, 
        Michel Beaud, Le basculement du monde. De la Terre, des hommes et du 
        capitalisme. La Decouverte, 2000.
 
        2.  Le 1er juin 2004, la convention entre les deux instituts a e'te' effectivement conclue comme pre'vue. 
       
        3.  Le programme du 
        colloque se trouve ici.
       
 
 
 
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